La liberté de choix de technos crée du bonheur au travail.

Oct 16, 2023 min read

Il y a quelque temps, je discutais avec un ami développeur qui s’ennuie au travail. Il me confiait que ça faisait des années qu’il travaillait sur les mêmes choses et qu’il en avait marre. Celà faisait déjà plusieurs années qu’il songeait à quitter l’entreprise dans laquelle il était. Pourquoi reste-tu ? lui demandais-je. Il me répondit que le salaire n’était pas trop mauvais, le CE plutôt bon, et qu’avec le crédit de sa maison, il ne pouvait pas faire le difficile.

Quelle tristesse ! Moi qui passe mon temps à tenter de faire bouger les murs, voire de les abattre (en bon messager de la culture devops), j’ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut rester dans un poste qui ne nous plait pas, en traînant les pieds tous les matins pour venir travailler. Comment l’informatique en général, qui était un domaine de passionnés, qui évolue dans des proportions que nul autre domaine ne connait, a-t-elle pu créer des emplois de subsistance, auquel on s’accroche par peur de ne pas trouver mieux ?


Que peut-on y faire ?

La première question à se poser est “Comment un métier informatique peut-il être ennuyeux ?”. Intéressons-nous au cas des développeurs : Qu’est-ce qui crée leur ennui dans le travail ?

Une grande partie des développeurs a embrassé ce métier par vocation. C’étaient des geeks qui se sont engagé dans l’aventure avec la promesse d’apprendre plein de choses tous les jours. Sauf que depuis, quelque-chose a loupé. Il ont arrêté de trouver dans le métier ce qui faisait leurs espérances. Beaucoup de ceux que j’ai rencontré on commencé pleins d’enthousiasme, en proposant tout un tas de choses pour améliorer les choses. Mais ils ont rencontré des murs de :

  • “On n’a pas le budget cette année”
  • “C’est pas possible, ça ne marchera pas”
  • “Ça n’est pas dans les technos validées techniquement”
  • “On n’a pas les compétences pour maintenir ça”
  • “Avec tout ce qu’on a déjà dépensé dans la techno actuelle, ça serait dommage d’en changer!”

Le responsable aigri quand on propose une idée innovante

Leur enthousiasme a été douché par l’inertie des décisions en entreprise.

Il en va de même pour les sysadmins. Comment se passionner pour une infrastructure qui se complait à reproduire les mêmes schémas depuis 15 ans ? A quoi bon tenter d’innover dans un domaine où personne ne veut changer ? Alors on se résigne, on baisse les bras. On se contente de faire ce que l’on attend de nous, quite à attendre le soir pour bosser sur des choses qui nous plaisent.


C’est là qu’il faut changer les choses. Car à l’inverse, j’ai connu une équipe où toutes les innovations majeures et les bonnes idées avaient droit à leur prototype. Les membres de cette équipe de R&D étaient tous des gars (et filles) super enthousiastes. Au final, l’équipe étrennait toutes les technos cool dans une bonne humeur généralisée mais ne produisait rien, car chaque prototype, une fois achevé, était rendu obsolète par une nouvelle techno sur laquelle l’équipe switchait. Cet amusement coûtait donc très cher pour très peu de résultats palpables (les prototypes servaient quand même de base à certains projets).

Ainsi donc, de par mes expériences, je me suis rendu compte que la liberté dans les technos doit être dosée pour fonctionner. Un excès dans un sens ou dans l’autre, et c’est la productivité qui en pâtit.


Liberté ou pas liberté ?

Il faut donc trouver un juste milieu. Et ce juste milieu, je l’ai trouvé dans une entreprise où j’ai travaillé pendant deux ans. Les équipes et sous-équipes par métier étaient responsabilisées quant à leur productivité. Elles avaient la liberté de technos dans leurs domaines respectifs, mais devaient exposer les raisons de leurs choix à toute l’équipe (~30 personnes), lorsqu’il s’agissait de faire rentrer de nouvelles idées dans le SI. La plupart du temps, les choix étaient raisonnés et motivés par des évolutions positives et étaient validées en toute confiance.

Les équipes travaillaient ainsi sur des technos et concepts qu’elles appréciaient et dont elles étaient convaincues de l’efficacité. La productivité était à son maximum : J’ai le souvenir d’avoir des conflits de merge avec un collègue, alors que nous travaillions sur la même branche, à 1H du matin, chacun de chez soi via nos connexions VPN, juste parce que nous avions eu tous les deux des idées pour faire évoluer l’infra. Quand on parle de productivité maximum… Travailler de nuit pour le fun, ça en ferait pâlir plus d’un !

Il y avait également dans ce cadre du temps aménagé pour les idées qui pourraient bénéficier au business, sous forme de demie-journées où tout était possible, où quiconque avait une idée était libre de la proposer. Toute idée ayant convaincu au moins trois personnes avait carte blanche pour son développement sur ces demies journées.

Tout se faisait en confiance et on encourageait les membres de l’équipe à apporter des choses plutôt que de les contraindre à faire ce qui avait été décidé sans eux.


Une des clés du bonheur au travail ?

Quand on apprécie ce que l’on fait et qu’on a de la liberté, on apprend de nouvelles choses. Et quand on apprend des choses qui nous intéressent, On ne s’ennuie pas.

  • On reste alerte et avide de nouvelles compétences.
  • Le temps passe plus vite.
  • On ne regarde pas ce qui se passe par la fenêtre.
  • On ne râle pas quand une nouvelle tâche apparaît.
  • On revient chez soi le soir épuisé, mais satisfait de sa journée.

Le matin, quand on se lève, on a déjà en tête de nouvelles idées, souvent arrivées pendant la nuit, pour résoudre un problème rencontré la veille au travail.

Bref, on se créée du bonheur au travail, celui-ci n’étant plus vu comme un fardeau, mais comme un jeu. Un jeu responsable, certes, avec des règles et des objectifs métier et commerciaux, mais un jeu tout de même.

(L'IA et l'orthographe, c'est pas encore ça)

Pensez à adapter ce raisonnement à votre équipe.

Toutes les équipes ne se ressemblent pas. Les parcours de ses membres, leur âge, leurs aspirations font qu’il n’existe pas de méthode applicable partout sans retouche. Certains ne voudront peut-être pas de ce que je propose ici, ou ne seront pas conscients de l’intérêt que ça leur apporterait. D’autres n’oseront pas le dire.

Le cadre dans lequel j’ai fait une expérience heureuse de cette idée était un cadre où la plupart des gens étaient en dessous de la trentaine pour la plupart, avec également quelques personnes au dessus de 45 ans, mais avec une âme d’enfant joueur toujours très présente.

Vous pouvez proposer des choses, et ce peu importe la taille de l’entreprise. Vous n’êtes pas obligés d’être un responsable de l’équipe non plus pour avoir des idées. Les bonnes idées viennent indifféremment de la hiérarchie comme des équipes et de ceux qui la composent. Attendre tout de sa hiérarchie est plus source de frustration qu’autre chose.

En tous cas, de tous les environnements où j’ai travaillé, ceux qui appliquaient ces principes sont ceux dans lesquels j’ai passé les meilleures années de ma carrière. Et aussi les plus productives.

Je trouvais utile de partager ça avec vous.

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